Il n'a fallu qu'un week-end pour que les choses s’éclaircissent. Rien n'est encore fait, bien sûr, mais un peu de tri s'est tout de même opéré.
La concurrence
Chez Astana, le leader s'appellera Aru sauf accident, puisque Nibali n'est plus là (mentionnons au passage l'idée lue ailleurs selon laquelle Nibali n'était de toute façon pas très motivé pour la course, lui qui disait n'avoir même pas ouvert le road-book, et que son exclusion l'arrange peut-être assez bien...). Landa lui est certes bien dans le coup, mais le DS d'Astana a bien souligné qu'il était là en équipier avant tout. A noter qu'avec l'abandon de Tiralongo, Astana n'est déjà plus qu'à 7...
Chez Sky, Thomas est déjà out (plus de 5 minutes de perdues) et Henao non plus n'a pas été terrible (il pointe déjà à 28 secondes de Valverde). Ce n'est en rien rédhibitoire pour le Colombien, mais cela n'empêche, c'est bien Froome qui a produit la meilleure impression des trois puisqu'il est arrivé avec les meilleurs. Ce n'est pas le Froome du Tour, certes, mais tant qu'il est dans le coup pour la gagne, il reste très dangereux, étant donné la présence du chrono la dernière semaine. Il fatiguera peut-être tôt ou tard, mais en attendant, il faut le considérer comme un des rivaux les plus dangereux pour la Movistar, et ce d'autant plus suite à l'exclusion de Nibali.
On a également vu un Rodriguez bien en jambes ; assurément il sera là pour le podium.
Chaves a fait forte impression ; à voir s'il est capable de maintenir ou non son niveau. On sait qu'il a un gros potentiel mais il a jusqu'ici eu du mal à être régulier sur 3 semaines. Ce serait une (belle) surprise qu'il arrive à mettre en danger les grands favoris, mais la Vuelta a l'habitude de réserver son lot de surprises, alors qui sait...
Pour le reste, plusieurs outsiders ont perdu un certain temps : Talansky, Rolland, S.Sanchez...Plus important : Majka (à 36" de Valverde déjà), Pozzovivo (à 24" de Valverde) et Van Garderen (à 17"), c'est à dire les candidats au top 5, sont déjà en seconde ligne. Il ne faut certes pas extrapoler à partir d'une arrivée de 3e catégorie, mais tout de même.
Chez Movistar
Chez Movistar, en apparence difficile de tirer un bilan clair. C'est Quintana qui a tenté l'étape dimanche, et non Valverde comme on pouvait s'y attendre. Mais le Colombien était trop juste - il l'a reconnu lui-même. Valverde non plus n'a pas fait forte impression en concédant quelques mètres sur la fin à Rodriguez. Qu'en penser ?
Personnellement cela me fait penser au dernier Tour. Alejandro avait choisi délibérément de ne pas disputer ces arrivées pourtant "taillées pour lui", afin de mieux se concentrer sur les étapes décisives pour le classement général, à savoir les grandes étapes de montagne. Cela a été surprenant pour nous, c'est vrai, de ne pas le voir briller au mur de Huy par exemple. Mais cela a payé puisqu'in fine, il a obtenu ce qu'il n'avait jamais réussir à obtenir : le podium.
Sur cette Vuelta, pour la 1ere fois depuis 2009, il annonce viser la victoire finale. En 2009, il avait couru de façon mesurée, canalisée pourrait-on dire, et c'est ainsi qu'il avait remporté (enfin !) son premier Grand Tour, grâce à sa régularité tout au long des 3 semaines, sans remporter d'étape du reste. La victoire finale avait été cette année-là un réel objectif, annoncé dès le début. Lors des éditions qu'il a courues ensuite, de 2012 à 2014, il partait plutôt dans l'idée de viser le podium, ce qui avait été moins contraignant pour viser des victoires d'étape en parallèle. Cette fois, c'est la victoire finale qu'il vise, comme il l'a clairement dit.
Sur l'étape de ce mardi, le final pour puncheurs (voir profil) pourrait lui correspondre ; peut-être l'emportera-t-il sur son talent. Mais dans sa déclaration, il dit qu'il essayera d' "être à l'avant pour ne pas perdre de temps" : un état d'esprit plus orienté classement général que victoire d'étape.
Au niveau du leadership avec Quintana, le fait que le Colombien ne soit pas au top est honnêtement une bonne chose pour Valverde. La question est de savoir si Quintana ira mieux au fil des étapes, ou s'il est franchement fatigué du Tour et qu'il se rangera alors derrière Valverde. Dimanche Quintana s'est plus montré que Valverde mais c'est peut-être en trompe l'oeil. Quintana a attaqué et a nettement coincé ensuite : il a montré que sa forme, à cet instant T, était limitée (même si elle s'améliorera peut-être). Valverde est resté dans les roues et on n'en sait pas bien plus ; peut-être n'a-t-il pas bougé parce que Quintana était devant, ou parce qu'il marquait Froome et Aru.
Jeudi et vendredi, à l'occasion d'arrivées respectivement 2e puis 1ere catégorie, on devrait en savoir plus. Ce qui est plus clair en tout cas, c'est qu'au niveau des grands rivaux pour la victoire finale, deux coureurs se dégagent parmi les favoris cités initialement : Froome et Aru. Et deux autres sont à surveiller de près : Purito et Chaves (voire aussi Landa). Mais avec Nibali out, c'est déjà un très grand rival qui s'est envolé. On a retenu sa faute grotesque ; mais n'oublions pas que c'est parce que la Sky s'est mise à rouler fort après la chute que Nibali a dû batailler pour rentrer. Leçon : comme on avait déjà pu le constater, la Sky ne fait aucun cadeau en cas de malchance sur une étape de plat. Méfiance donc. Avant de gagner la Vuelta en montagne, il ne faudra pas la perdre en plaine.
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