Comme annoncé la semaine dernière, Alejandro disputera le Tour des Flandres en 2016. L'info du jour (lire l'interview d'Alejandro ci-dessous), c'est qu'il ne s'y rendra pas simplement dans l'idée de découvrir ce monument. S'il est conscient qu'il lui sera difficile de battre les spécialistes des flandriennes, il entend tout de même se donner les moyens de réussir son 1er Ronde du mieux possible. Pour cela, la semaine précédant le Tour des Flandres (le 3 avril), il disputera A Travers les Flandres (le 23 mars) et le GP E3 (le 25 mars) en guise de préparation - deux courses qu'il avait déjà courues en 2014. On se souvient qu'il avait brillé sur la première et qu'il avait eu un peu plus de mal sur la seconde : c'est donc le signe à la fois qu'il a un vrai potentiel sur ce type de course, ce qui a été confirmé par sa prestation sur l'étape pavés du dernier Tour où il s'est montré très à son aise, mais que la marche reste importante pour pouvoir battre les meilleurs flandriens. Cette semaine de préparation sera donc plus qu'utile.
Ce tout nouveau challenge pour Alejandro est en tout cas très excitant. Ses chances de réussite sont nettement moins élevées, bien sûr, que sur les ardennaises, mais on peut se féliciter qu'Alejandro se lance dans ce défi, qui en outre lui attirera la sympathie et plus encore le respect de toute une partie des suiveurs qui le voyaient jusque là avant tout comme un coureur de classiques pour puncheurs et de courses par étapes, comme le peuvent l'être d'autres coureurs (même si pas à un tel niveau). Avec cette séquence flandriennes, Alejandro peut donc rentrer dans une nouvelle dimension, y compris en termes d'image ; c'est important car il mérite que son incroyable polyvalence, unique dans le cyclisme contemporain, soit plus reconnue.
Le revers de la médaille, c'est qu'en raison de ses nouveaux objectifs en 2016, en particulier le Giro, il ne disputera pas les ardennaises au top de sa forme. Cependant, comme il l'explique dans l'interview ci-dessous, il pourra tout de même arriver à être en forme pour Liège, "sa" course, celle qu'il préfère et celle où il est le meilleur. Le Ronde, la Doyenne et le Giro en objectifs : quel autre coureur du peloton est capable d'une telle diversité ? En 2016, Valverde sera plus exceptionnel que jamais.
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Jeudi soir, à la fin de la concentration de l'équipe, la Movistar a organisé un repas semble-t-il assez festif, ce qui s'est remarqué sur les visages de certains le lendemain matin. Mais pas sur celui d'Alejandro, qui s'est levé plus tôt que les autres pour aller au gymnase et pour courir. Il a ensuite accordé une interview à Biciciclismo dont voici la traduction intégrale :
Tu vas courir après une fête ; le sport est vraiment ta passion.
Oui, en hiver je change un peu la routine. Quand je ne roule pas, j’aime faire d’autres types de sport. J’essaie de me reposer 15-17 jours sans rien faire, puis je commence à m’y remettre sans toucher au vélo : courir, aller au gymnase, et faire un peu de tout.
Beaucoup de coureurs pros font ensuite des marathons une fois leur carrière terminée : Beloki, Olano… Ca te plairait de courir après ta retraite sportive ?
Pourquoi pas ; essayer un Ironman ou quelque chose dans le genre, c’est plus compliqué mais je crois qu’il faut tout essayer. La natation, la technique, serait mon point faible, je ne suis pas très bon nageur. On verra ! Pour le moment je reste focalisé sur ce que je fais.
Le Tour des Flandres. Le Ronde. Enfin. Un souhait qui venait de loin. Tu y avais pensé l’an dernier…Ce n’est pas une décision prise du jour au lendemain.
Oui, plusieurs années j’ai eu le Tour des Flandres en point de mire, mais pour une raison ou pour une autre je ne l’avais pas tenté. On sait que ce sera très difficile mais il faut tenter parce que je crois que c’est une course qui me correspond bien.
En 2014 tu as déjà essayé les pavés.
Oui, j’ai couru A Travers les Flandres et Harelbeke (GP E3). Cette année je vais courir ces deux courses de préparation, et ensuite on verra comment le Tour des Flandres se passe. Je serai une semaine là-bas. Ce sera une bonne expérience et je crois que ça peut bien marcher.
Et tu débuteras sur le Giro. Tu ne voulais pas te retirer sans l’avoir disputé, mais tu ne pensais pas plutôt le courir en 2017 ?
Eh bien…Cette année aussi est une bonne occasion pour le faire. Le parcours est bien et il faut profiter de mon niveau qui est encore assez bon pour le courir avec des garanties de jouer la gagne. Gagner ? C’est difficile. Il y aura Nibali, qui l’a déjà remporté, et Landa et Chaves, qui sont deux coureurs qui progressent beaucoup. Ce sera compliqué, difficile de les battre, mais j’essaierai d’être là dans la lutte pour le podium.
Autrement dit tu n’iras pour, disons, gagner une étape en première semaine et ensuite te reposer.
Non non, pas du tout, je veux bien le faire.
Tu disputeras aussi les ardennaises ; en manqueras-tu une ?
Non, je les disputerai toutes les trois. Peut-être en effet que je n’arriverai pas aussi en forme que ces dernières années où je suis arrivé à 100% pour ensuite me reposer. Cette année j’y arriverai, disons, à 80-85%. Je veux y arriver en bonne forme mais sans doute pas aussi fort que ces dernières années. Je serai sûrement présent pour la gagne, même si ce sera difficile de gagner. On va essayer.
Et la Movistar a recruté Moreno et Betancur qui peuvent d’enlever de la pression.
Oui, l’équipe s’est renforcée et on compte sur Dani qui peut être très bon sur les classiques et ensuite être d’une aide précieuse pour le Tour. C’est important aussi pour moi, pour être un peu plus relax.
Arriver un peu juste niveau forme peut être bien pour Liège.
Oui, courir l’Amstel et la Flèche m’a toujours donné du fond ce qui m’apporte un plus pour Liège, qui sera sûrement ma meilleure course.
Iras-tu t’entraîner en Sierra Nevada comme à d’autres occasions ?
C’est quelque chose que j’ai toujours fait avant le Tour. Cette année ça dépendra de la façon dont est le climat. Peut-être que j’irai même avant le Giro, on verra comment ça se passe.
Tu mentionnes Tirreno comme ton unique course par étapes avant le Giro ; est-ce important de courir en Italie avant le Giro ?
Je n’ai disputé Tirreno qu’en 2002 et cela m’avait paru très dur parce que c’était ma 1ere saison pro. Mais aujourd’hui on court quasiment partout de la même façon, désormais tout est World Tour et la manière de courir est à peu près la même partout.
Iras-tu reconnaître des étapes du Giro ?
Oui, j’irai peut-être en reconnaître certaines, je ne sais pas encore quand.
Et le parcours de la course en ligne des JO ?
Je ne sais pas si j’aurai le temps ! Ca va être difficile.
Tu ne vas pas t’arrêter. En 2015 tu as couru plus que jamais.
L’idée est de faire un petit peu plus de 80 jours. Cette année c’était un peu plus de 90, ce sera un peu moins. Ca me plait [de beaucoup courir], clairement. C’est vrai que cette année j’ai terminé assez fatigué avec les voyages, mais, bon, pour m’entraîner et courir j’ai toujours autant de motivation.
Tu es sous contrat en 2016 et 2017.
Je suis en contrat jusqu’en 2017, pour 2018 on verra si je continue ou non. Ca dépendra de comment je suis, comment je me sens.
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