« Alejandro Valverde est un champion. Et un champion, c’est capable de tout, tout le temps » confiait Ivan Basso récemment au site ChroniqueduVélo.
Alejandro réussira-t-il demain à réaliser un nouvel exploit, celui de battre le record de victoires sur les deux classiques ardennaises belges, détenu conjointement avec Eddy Merckx (8 victoires chacun) ? L'exploit, également, de réaliser un troisième doublé Flèche-Liège (après ceux de 2006 et 2015), onze ans après son premier (Merckx n'en avait d'ailleurs réalisé qu'un) ? L'exploit d'obtenir de tels résultats à l'avant-veille de ses 37 ans ?
Quel que soit la réponse qui sera apportée demain à ces questions, une chose est acquise : Alejandro Valverde a d'ores et déjà marqué l'Histoire de son sport et les mémoires des suiveurs.
Mercredi, Alejandro a remporté sa 5e victoire sur la Flèche Wallonne - son 4e succès d'affilé - avec une facilité impressionnante. Il s'est imposé au sprint avec plusieurs longueurs d'avance, sans même donner l'impression de forcer. "C'est la victoire qui m'a le moins coûté" a-t-il confié après l'arrivée. Seuls deux autres coureurs dans l'Histoire avait réussi l'exploit de remporter quatre victoires consécutives dans une grande classique : Coppi sur le Tour de Lombardie, et Raas sur l'Amstel Gold Race.
Mais Alejandro restera dans les consciences bien au-delà de son talent sportif, et si cette phrase est une évidence pour nous tous ici, si elle enfonce une porte ouverte, j'ai eu l'impression ces derniers jours, et ces derniers temps plus globalement, que c'est une sensation qui gagne du terrain chez l'ensemble des suiveurs, et qui commence, peut-être pas à faire consensus, mais à s'imprégner nettement chez la plupart, suffisamment pour que cela mérite d'être souligné.
Sa classe naturelle, sa simplicité (le journaliste de L'Equipe soulignait ainsi dans l'édition de jeudi comment Alejandro n'avait jamais changé ses habitudes, n'ayant jamais déménagé à Monaco ou ailleurs comme nombre d'autres stars du sport, continuant de s'entraîner sur les mêmes routes, dans son pueblo à Murcie), sa reconnaissance vis-à-vis de ses coéquipiers (Christophe Moreau, qui avait côtoyé Alejandro à la Caisse d'Epargne, raconte par exemple : « Il est attachant et il n’oublie jamais ses partenaires. L’hiver, il envoie un jambon Pata negra ou Serrano à ses coéquipiers pour les remercier de l’avoir aidé à décrocher de grandes victoires. C’est un grand leader »), son caractère humain assorti d'une envie de vivre les plaisirs de la vie sans se priver (« Il prenait toujours une bière après les courses ou le soir avant le repas. Il adore la bière ! Ça peut sembler contre-nature dans un monde où la diététique a pris une telle importance, mais, avec lui, il y avait plus de San Miguel que de Coca dans le bus ! Et puis il en offrait à tout le monde »), son goût inné pour la compétition, qui le conduit à toujours "respecter" les courses en ne leur faisant pas l'affront de se laisser décrocher comme d'autres leaders, même lorsque celles-ci ne sont pas très réputées (« C’est un garçon qui est joueur. Dans sa tête c’est un enfant. Même à l’entraînement il joue les sprints à chaque pancartes, en haut des cols... »), tout ceci commence enfin à être perçu par une large majorité d'amoureux du cyclisme - et peu importe certains trolls dans les commentaires des articles ici ou là...
Valverde, longtemps, avait été une figure qui divisait, entre les pro et les anti ; aujourd'hui, sans pour autant exagérer non plus, il a obtenu une forme de reconnaissance assez inédite dans le peloton, qui force le respect de tous.
Demain dimanche, exceptionnellement je ne pourrai pas regarder la course en direct, cette superbe semaine sportive tombant pile au moment d'une semaine importante aussi à d'autres égards, mais je me réjouis du suspens, de la ferveur qui entourera notre sympathique communauté, de tous les commentaires qui seront écrits ici durant l'après-midi, jusqu'à l'issue finale qu'on espère joyeuse ...et puis au pire, on ne l'oublie pas, ce n'est que du sport :)
Excellente Doyenne à tous et plus que jamais, venga Valverde !
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