En attendant la reprise d'Alejandro en Catalogne lundi, je suis tombé sur un texte qui m'a interpellé et qui m'a semblé important, et que j'ai donc voulu partager ici (voir plus bas).
Il correspond à ce que je me suis souvent dit. Valverde est un coureur qui a longtemps divisé les suiveurs. La faute à une attitude en course parfois jugée avare en efforts pour l'emporter (surtout sur les grandes classiques), et à ses déboires liés à Puerto. Pour autant, le fait qu'il court toute la saison de janvier à octobre (à la différence des "juilletistes" et d'autres), qu'il ne "snobe" jamais la possibilité de jouer la gagne sur une course même quand elle ne constitue pas un pilier de sa saison (à la différence d'une grande partie des leaders), qu'il est toujours aux avants-postes, qu'il est extrêmement régulier au top niveau aussi bien au sein des saisons (à la différence d'un Nibali) qu'entre les saisons (à la différence d'un Gilbert), est quelque chose d'exceptionnel, qui, j'en ai toujours été convaincu, sera reconnu tôt ou tard à sa juste valeur - au-delà de ses qualités humaines.
A la manière d'un Jalabert, devenu populaire sur le tard, Valverde semble effectivement aujourd'hui gagner en popularité parmi ceux qui ne le portaient pas dans leur coeur auparavant. Le fait qu'il soit revenu aussi fort, et même plus fort encore, après sa suspension, et aujourd'hui après sa blessure de l'an dernier, impressionne ceux qui n'avaient pas encore perçu son talent, et qui persistaient à penser qu'il était à ranger dans la catégorie de ces coureurs espagnols chargés comme des mules et voués à disparaître rapidement des podiums une fois rattrapés par la patrouille. Non seulement il n'en a rien été, non seulement Valverde n'a jamais été aussi fort que ces dernières années et aujourd'hui, mais il a élargi sa palette de courses, et, en prenant du plaisir comme jamais en compétition, il donne du plaisir comme jamais aux suiveurs. Sur les Strade Bianche récemment, c'est lui qui a provoqué la sélection en attaquant à plus de 50km du but. Et les exemples précédents ne manquent pas.
Extraits traduits :
"Journal Velo pose une question que beaucoup d'entre nous nous posons. Comment diable notre regard a-t-il pu évoluer sur Alejandro Valverde ? (...)
Durant presque toute cette décennie, j'avais une chose en tête quand les courses arrivaient. NQSV. N'importe qui sauf Valverde.
Il était le suspendu-pour-deux-ans, celui-dont-le-chien-était-Piti, qui-ne-pouvait-pas-courir-en-Italie. Et ce n'était pas juste à cause de son passé. On aurait dit qu'il remportait la plupart de ses succès en restant à l'arrière d'un petit groupe, sans jamais prendre un relais, en s'économisant, puis en remontant quelques hectomètres avant la ligne pour sprinter jusqu'à la victoire. Rien d'illégal ni même de mal là dedans. C'est juste que ce n'était pas le style de champion qui me plaisait.
Et pourtant, plus on approche les courses intéressantes de cette saison (le Tour de Catalogne la semaine prochaine), plus je réalise que j'ai hâte de le voir courir. Peut-être, juste peut-être, que je le soutiendrai moi aussi. Que diable a-t-il pu se passer ?
La première fois où j'ai le souvenir d'avoir mis mon cynisme de côté fût durant la Roma Maxima 2014. Aucun suçage de roues ici. Il attaqua à 35km de l'arrivée avec Pozzovivo et géra sa victoire parfaitement. Valverde parut toujours plus fort que Pozzovivo. Il garda le contrôle et mesura tranquillement les distances avec le peloton qui revenait derrière pour lancer son sprint.
Depuis cette course, j'ai commencé à remarquer de plus en plus Valverde comme un coureur qui attaque, mais rarement en vain. C'est quelqu'un qui a une grande compréhension de la façon dont une course se joue. Il peut repérer la faiblesse des autres mais ne surestime pas ses propres forces. Regardez-le et vous verrez une intelligence et une acuité qu'il déploie avec aplomb.
Un coureur qui semble s'améliorer à l'approche de ses 40 ans me rendrait normalement suspicieux - surtout quelqu'un avec son histoire. Mais j'aime la façon dont il bat les coureurs plus jeunes que lui de 5 ou 10 ans. Oui, une grande partie de son succès est physique - il est en bonne condition - mais il est aussi intelligent. Il a l'air d'un vieux boxeur poids lourd qui affronte le nouveau jeune dans le ring. Il reste là à regarder son adversaire user toute son énergie, puis exécute le coup de grâce qu'il préparait, gardait en lui, depuis le départ.
Enfin, j'ai un élément de compassion pour lui. Sa chute sur la 1ere étape du Tour l'an dernier fût horrible. En particulier alors que les attentes étaient très élevées sur ce qu'il aurait pu faire sur un parcours Valverde-friendly. Le voir revenir cette année sans séquelles et lever les bras à Valence était bon à voir.
Ce qui commençait donc comme un courrier haineux se termine comme une lettre d'amour.
Comment diable l'image d'Alejandro Valverde a-t-elle pu évoluer ainsi chez moi ? Avant tout parce que c'est un grand coureur cycliste".
Source : https://velovoices.com/2018/03/14/how-the-hell-has-alexandro-valverde-grown-on-me/
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