"L'avenir proche d'Alejandro Valverde demeure plus incertain. L'Espagnol a explosé dans le Mur, à la surprise générale"
Cette phrase, issue d'un article d'Eurosport...n'a pas été écrite cette semaine : elle a été écrite il y a 11 ans, en avril 2008. Alejandro n'était alors pas parvenu à entrer dans le top 20 (21e) au sommet du mur de Huy.
Quatre jours plus tard, il remportait Liège.
Est-ce à dire que sa contre-perf de mercredi ne l'empêche en rien de s'imposer ce dimanche ? C'est plus compliqué que ça. Alejandro fait bien sûr partie des prétendants sérieux : ne pas l'inclure dans la shortlist serait une erreur de jugement. Et de fait, les bookmakers le situent juste derrière Alaphilippe et Fuglsang dans la hiérarchie des favoris, devant des coureurs comme Kwiatkowski, Matthews, Schachmann qui ont pourtant montré plus de garanties que lui ces derniers jours (...mais pas dans leur carrière).
Mais la situation est différente de 2008, où il était monté sur le podium de l'Amstel avant la Flèche.
Une équation bien compliquée
Un succès dimanche serait pour moi une (magnifique) surprise. Il relèverait d'une renaissance dont Alejandro a certes déjà fait preuve dans sa carrière...mais qui reste tout de même rare. Qui-plus-est, il lui faudrait non seulement retrouver de très bonnes jambes mais aussi, ensuite, battre Alaphilippe (puncheur-sprinter), Fuglsang (rouleur-puncheur) et Matthews (sprinter-puncheur) qui chacun dans leur style font office de favoris en fonction du scénario - sans parler de Kwiatkowski capable aussi bien de gagner en attaquant (il était devenu champion du monde ainsi) que de coiffer Alaphilippe au sprint.
L'équation est donc bien compliquée, même si l'on sait qu'Alejandro n'est pas du genre à rendre facilement copie blanche.
En trichant un peu, l'équation se simplifie si l'on ne considère pas la victoire mais plutôt, par exemple, le top 10, avec l'objectif d'accrocher un troisième top 10 sur les trois monuments qu'il a disputés cette saison.
Une Doyenne unique avec l'arc-en-ciel
Une place dans les 10 premiers, même dans ce contexte de "challenge des monuments", devrait-elle être un objectif en soi, pour un quadruple vainqueur comme lui qui a remporté l'avant-dernière édition de l'épreuve ? La question peut se poser. Mais peut-être est-il préférable, en réalité, de ne rien attendre de spécial et de reconnaître qu'il est probable qu'Alejandro n'ait pas de très bonnes jambes actuellement, auquel cas il n'y aurait effectivement rien à attendre de particulier en termes de résultats.
Il faudrait alors, tout simplement, suivre la course comme elle vient, savourer la présence d'Alejandro, cette denrée de plus en plus rare dont on ressentira le manque lorsqu'elle ne sera plus là.
Il sera bien temps, ensuite, d'analyser calmement le pourquoi de son niveau actuel (qui est probablement multifactoriel : à la fois une question d'âge, peut-être une question mentale, mais aussi une préparation non-optimale ces derniers mois, qui peut laisser entrevoir de meilleures perspectives pour la 2e partie de saison), de reparler de la pertinence de sa participation au Giro, et surtout de l'écouter, car on espère vivement pouvoir connaître ses impressions, son état d'esprit à l'issue de ces classiques.
Mais en attendant, place à la Doyenne, cette course qui nous a procuré tant de grandes émotions, qu'Alejandro aborde pour un unique dimanche avec ce si beau maillot dont on avait tant rêvé.
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