Quelques mots simplement pour aborder cette saison et la reprise d'Alejandro, qui approche maintenant à grand pas (le Challenge de Majorque, dont le tracé a été présenté fin décembre, commence le 25 janvier avec une épreuve pour sprinters ; il est possible qu'Alejandro fasse son retour le 26 sur l'épreuve reine, le Trophée Serra, avant de courir le Trophée Andratx, vallonné, le lendemain).
Alejandro semble aujourd'hui parfaitement serein mentalement, sans pression. On le sait : il n'est jamais aussi performant que quand il est libéré ainsi, lui qui se mettait lui-même parfois, par le passé, beaucoup de pression, et qui souffrait d'un certain complexe d'infériorité.
Paradoxalement, c'est sur le plan physique, celui qui lui fait peu souvent défaut, qu'il est permis cette fois-ci, non pas d'être inquiet car les propos d'Alejandro et de son entourage sont très rassurants sur sa récupération, mais d'exprimer une attente faite d'excitation et d'interrogation. "Je ne dirais pas que j'ai récupéré à 100%, mais à 85% ou 90%, oui" disait-il en novembre, ce qui était à la fois positif et incitait tout de même à un minimum de prudence. Heureusement, dans le même temps il se montrait très confiant sur son retour : "Mon but est de recommencer à gagner. Je ne sais pas quand. Ce n'est pas pour être fanfaron mais je crois que je ne vais pas tarder longtemps. (...) Si on m'avait demandé en septembre, j'aurais dit que j'avais des doutes, mais aujourd'hui je n'ai plus de doutes".
Ces derniers propos, optimistes, ont de quoi nous rassurer. Néanmoins comme Alejandro le dit lui-même, rien ne remplace la compétition pour se tester. Attendons donc de voir sa 1ere course World Tour, le Tour de Catalogne, en mars. Par ailleurs ses rivaux ne l'ont pas attendu pour progresser. Les ardennaises ont par exemple toutes les chances d'être son 1er objectif en 2018, or en la matière on peut s'attendre à ce qu'Alaphilippe, blessé et absent au printemps 2017 mais dont on a vu les progrès en fin d'année (très beau numéro sur le Mondial, et 2e du Tour de Lombardie), constitue un rival de taille. Valverde battu à la pédale par Alaphilippe au sommet du mur de Huy ou sur Liège ? C'est un scénario envisageable et qui ne signifierait pas pour autant la fin de notre champion. Simplement l'avènement d'un autre très grand puncheur.
Loin de moi, pour autant, l'idée de partir défaitiste...je crois fort en notre champion, y compris pour ces classiques, pas de doutes là dessus.
De façon générale cependant, je pense que le danger, cette année, serait de comparer à chaque fois le niveau d'Alejandro en 2018 à son niveau époustouflant de 2017. Ma bonne résolution pour 2018 sera donc d'éviter de faire le parallèle avec 2017 à chaque moment de la saison ("l'an dernier il avait gagné ici, il avait battu tel rival, etc").
D'abord parce qu'une telle attitude fixerait le curseur extrêmement haut, ce qui conduirait à être "simplement" satisfaits, ou tout juste contents, si les performances atteignent cette attente, et déçus dans n'importe quel autre cas, même si ses résultats sont juste "bons" (exemple concret : une victoire juste sur la Flèche Wallonne et non pas sur Liège, le Tour du Pays Basque, etc., comme en 2017).
Rappelons que ses résultats en 2017 ont été exceptionnels, c'est-à-dire encore plus élevés que les autres années. Ce fut la meilleure 1ere partie de saison de sa carrière, et une des meilleures saisons de sa carrière tout court estime-t-il lui même. Je préfère, pour ma part, partir du principe que 2017 était le zénith de sa carrière, qu'il a atteint sa plénitude sportive cette année là et en particulier sur les ardennaises où il n'avait jamais paru aussi fort. Il reviendra fort, je n'ai pas de doutes là-dessus, mais aussi dominateur, aussi invincible qu'en 2017, c'est tout-à-fait possible que non : mieux vaut se le dire en amont.
Ensuite parce que si la structure de sa saison 2018 est très traditionnelle en apparence (ardennaises, Tour, Vuelta), l'état d'esprit me semble différent. Pour la 1ere fois, le grand objectif cité par Alejandro, le Mondial, se situe en toute fin de saison. C'est donc uniquement à la toute fin de saison qu'on pourra, et que je m'autoriserais, à dresser le bilan, contrairement à d'autres saisons où l'on pouvait procéder par séquences (la séquence ardennaises : réussie ou non ? etc.). C'est plus une logique de montée en puissance qui le guidera en 2018, lui qui reviendra, rappelons-le, de six mois sans compétition, à 37 et bientôt 38 ans. C'est en tout cas ce qu'il a l'air de penser, lui qui dit, en parlant du Mondial : "cela fera plus d'un an que ma chute se sera produite ; j'aurais accumulé de la compétition, je pourrai être au top". Et lui qui, aussi, fait du Tour de Lombardie, dans 10 mois (on a le temps !), un autre objectif important.
Voilà pour ces quelques mots pour ouvrir la saison. Plus simplement : sans aller jusqu'à considérer que tout ce qui lui arrive maintenant est du bonus (point de vue exprimé par Bernard ici et que je peux tout à fait comprendre, même si pour ma part j'attends encore de pied ferme, par exemple, qu'Alejandro dompte le Tour de Lombardie avant qu'il raccroche !), il n'a, a minima, plus rien à prouver sur son immense talent. Et il réenfilera un dossard avant tout pour une chose : l'amour du vélo, le plaisir de courir, le goût de la compétition. Le reste, quel qu'il soit, suivra naturellement.
Bonne année à tous !
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