L'arrivée en côte du jour n'était pas très difficile - Alejandro avait vu juste en parlant d'un groupe de 10-15 favoris arrivant ensemble - mais elle s'est révélée tout de même intéressante dans la perspective du général :
-Simon Yates, qui s'est détaché du groupe des favoris à un peu plus de 2 km de l'arrivée, semble avoir de très bonnes jambes. Il apparaissait déjà comme le principal rival de la Movistar (avec Lopez) : il pourrait bien devenir l'homme à battre. Derrière lui, Lopez, SK et Kelderman semblent avoir les jambes pour se battre pour le général. Kwiatkowski n'a pas eu l'air impérial mais reste leader. Le nombre de prétendants à la victoire finale apparaît aujourd'hui franchement limité. Il faut dire que la chaleur fait souffrir beaucoup de coureurs.
-Quintana, qui aurait pu commencer à prendre un ascendant sur ses rivaux et en interne à la Movistar, n'a ni attaqué ni suivi Yates lorsque celui-ci est parti. Pour autant il n'a pas semblé en difficulté. Point d'interrogation encore à ce stade.
-Plus difficile encore est d'interpréter la performance d'Alejandro. Mal placé en début d'ascension, il est ensuite remonté parmi les premières positions. Quelques secondes après l'attaque de Yates, il a accéléré pour tenter de le rattraper, sans succès puisqu'il s'est fait reprendre par le groupe. Il a alors roulé en tête du groupe pendant quelques hectomètres, et est ressorti, grâce à son sprint, dans les derniers mètres, arrivant après Yates.
"J'ai roulé pour Nairo pour que Yates ne prenne pas trop de temps : moins les rivaux prennent de temps, mieux c'est. Il reste encore beaucoup de course" a-t-il dit après l'arrivée. Une position défensive qui m'interpelle un peu sur la forme de Quintana.
Ces interrogations seront en bonne partie levées, à mon avis, dimanche, sur la première arrivée au sommet importante de cette Vuelta, et en réalité l'une des seules de l'épreuve à mon sens. Cette Vuelta, qui ne comporte pas de col type Angliru, est pour puncheurs/grimpeurs plus que pour pur grimpeurs : les occasions de faire des écarts sur de longs cols seront rares. Mon impression est qu'une grande partie de la Vuelta se jouera entre les étapes 13 et 16 : 3 arrivées difficiles de suite, suivies du chrono de 32.7km. Les deux seules autres étapes que je vois comme décisives seront celles de ce dimanche (la 9e) et l'avant-dernier jour (la 20e) - mais l'avant-dernier jour il s'agira surtout pour le leader de ne pas craquer.
Le rdv de ce dimanche sera donc révélateur.
* Si Quintana a les jambes pour gagner cette Vuelta alors il devra mettre les points sur les i en attaquant clairement. Rappelons que les purs grimpeurs doivent prendre du temps en prévision du chrono de 32km à la mi-Vuelta. S'il ne le fait pas, ou, pire, si Yates (ou un autre rival) lui prend du temps, ça ne sentira pas très bon pour lui.
* J'attends aussi et surtout l'arrivée de dimanche avec impatience parce qu'elle permettra d'éclaircir la situation pour Alejandro : on verra bien s'il est en mesure de gagner ou non cette Vuelta. L'objectif n'est pas d'être 3e, 4e, 5e, mais soit de préparer le Mondial pour y arriver au top, soit de jouer la victoire finale sur cette Vuelta au cas où l'opportunité apparaîtrait comme vraiment sérieuse. A ce stade nous n'avons pas assez d'informations pour établir un pronostic, mais une chose est sûre : des coureurs comme S.Yates (et Lopez, Aru...) se sont préparés spécifiquement pour cette Vuelta, en se reposant en juillet, ce qui n'est pas son cas. Je reste donc plutôt prudent.
La hiérarchie sur le papier me semble aujourd'hui être Yates et Quintana favoris, et Valverde, SK, Lopez et Keldermann ensuite, mais cette vision repose sur peu d'indices. Rdv dimanche pour l'affiner.
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